Un orchestre, ça sert à quoi ?
Réponse simple : à jouer de la musique
Quelle musique ? Celle d’hier, celle d’aujourd’hui, celle qui peut dire d’où nous venons, qui nous étions – et celle qu’on écrit maintenant, qui parle de notre présent.
C’est peut-être d’ailleurs une seule et même chose : le passé est constamment à réinventer, puisqu’il n’existe que dans le regard que l’on pose sur lui. Être au présent, c’est donc se positionner dans une tension féconde entre passé et futur. Dire qui nous sommes, qui nous étions, qui nous aimerions être. Enthousiasmant programme. Moins évident peut-être : pour qui, pour quoi ? Parce que dans la lapalissade de la musique – et spécifiquement de la musique dite « classique » – comme langage universel se cache un os de taille : à l’heure actuelle, ce langage universel n’est de loin pas universellement partagé.
Patrimoine inestimable, certes, mais s’il n’est chéri par aucun·e, conserve-t-il sa valeur, sa pertinence ? À quoi bon choyer un trésor si celui-ci n’est trésor pour personne ? Pourtant la réponse est simple : la musique, comme tout bien universel – c’est une profession de foi – appartient à tout le monde. Charge à ses agent·e·s, c’est-à-dire celles et ceux qui la pratiquent, de la partager avec le plus grand nombre.
Là réside la fonction d’un orchestre : porter, auprès de toutes et tous, une forme de culture qui leur appartient. Qui est à toutes et tous, donc pour toutes et tous. Faire tomber les barrières, surmonter les écueils qui empêchent cette mise en commun, qui thésaurise ce qui devrait être universellement partagé. étroite la tour d’ivoire, vaste (et si beau) le monde. Entre les deux, le choix devrait être facile à réaliser. On le sait déjà : partager le bonheur, loin d’en diminuer les parts, en accroît la taille.
Dans la question initiale se trouve ainsi la réponse. Un orchestre sert parce qu’il est – en cela – utile.
Osons, ensemble, la joie du bonheur partagé.
Frédéric Steinbrüchel
Secrétaire général de l'OCG