Elsa Dreisig

« On se fixe souvent des limites avant même qu'elles n'existent », déclare Elsa Dreisig. Ce n'est certainement pas le cas de cette Franco-Danoise qui s'impose rapidement comme l'une des sopranos lyriques les plus captivantes d'aujourd'hui. Depuis qu'elle a rejoint le studio de l'Opéra national de Berlin en 2015 et qu'elle est devenue membre de la troupe, elle a fait ses débuts dans des rôles à l'affiche des plus grands opéras d'Europe, de Paris à Zurich, de Vienne à Londres. En tant qu'artiste exclusive du label Erato, Elsa a sorti en janvier 2022 son troisième album, Mozart x 3, qui comprend des airs tirés des trois opéras Da Ponte et des trois opéras série de W.A. Mozart.

Le compositeur occupe une place centrale dans sa carrière. À l'Opéra national de Paris, elle a interprété les rôles de Pamina (Die Zauberflöte) et Zerlina (Don Giovanni). À l'été 2020, Elsa a chanté le rôle de Fiordiligi dans une nouvelle production de Così fan tutte au Festival de Salzbourg, qui a été entièrement mise en scène alors que la plupart des institutions ont dû fermer leurs portes en raison de la pandémie de coronavirus. En 2022, elle est revenue à la trilogie Da Ponte à l'Opéra national de Berlin sous la direction de Daniel Barenboim, avec ses débuts dans le rôle de Donna Elvira après ses débuts dans le rôle de la Comtesse l'année précédente.

Les interprétations d'Elsa se distinguent par son engagement à découvrir sans cesse de nouvelles facettes d'un rôle. Cela signifie également transcender les constructions historiques afin que la performance prenne vie de manière crédible. Pour la soprano, aucune personnalité féminine – qu'il s'agisse de Manon, Juliette, Violetta ou Fiordiligi – ne devrait jamais être une victime. « C'est le sang moderne qui coule dans mes veines et qui doit également couler dans mon chant », explique-t-elle.

Et pourtant, l'objectif ultime est de « faire entendre la partition : avec une technique solide – cela va sans dire – mais aussi un corps capable de recréer le personnage dans la chair ». Elle compare les connaissances psychologiques requises à une sorte de nourriture intérieure qui alimente son interprétation musicale. Lors de ses débuts dans le rôle-titre d'Anna Bolena de Donizetti au Grand Théâtre de Genève en 2021, Elsa s'est avant tout concentrée sur l'état émotionnel de la reine et a essayé de s'identifier à elle sur le plan personnel.

En 2022, elle a fait sa première apparition dans le rôle de Salomé dans l'opéra éponyme de Richard Strauss au Festival d'Aix-en-Provence (où elle avait déjà interprété Micaëla dans Carmen de Bizet). La production a vu le jour grâce à une collaboration entre le chef d'orchestre Ingo Metzmacher et la metteuse en scène Andrea Breth, qui dès le départ avaient imaginé une jeune soprano lyrique pour ce rôle. Ce projet satisfait l'appétit non conventionnel d'Elsa : « Je ne veux pas forcer le destin, mais plutôt prendre ce que la vie m'offre », dit-elle, citant la carrière de Maria Callas comme source d'inspiration.

Parmi les moments forts de la saison dernière, citons plusieurs apparitions au Bayerische Staatsoper, notamment dans Le nozze di Figaro (Contessa), Il Trittico (Lauretta/Ein Liebespaar) et une tournée européenne avec la 4e symphonie de Mahler. Au cours de sa saison 23-24, elle est revenue au Deutsche Staatsoper Berlin dans Mitridate dans le rôle de Sifare, et au Grand Théâtre de Genève pour des représentations de Roberto Devereux, Maria Stuarda (Elisabetta) et Anna Bolena (Anna Bolena). Elsa a fait ses débuts dans le rôle de Mimi dans La bohème à l'Opéra de Trondheim et a fait ses débuts au Festival de Salzbourg dans le rôle de Gräfin dans Capriccio.

Elsa se nourrit de sa participation à ce qu'elle considère comme des événements exceptionnels, même s'ils comportent certains risques. En 2017, elle a accepté au pied levé de chanter La Création de Haydn avec l'Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Simon Rattle. La saison dernière, après avoir donné des concerts avec deux orchestres différents à Copenhague, l'Opéra national de Berlin l'a appelée pour qu'elle interprète le rôle de Pamina quelques heures plus tard. En 2023, elle a remplacé au pied levé « Manon » à l'Opéra national de Vienne, faisant ainsi ses débuts dans cette maison, qui ont été suivis par ses débuts à La Scala de Milan dans le rôle de la Comtesse dans Le nozze di Figaro. Au cours de la saison 2023/24, elle a fait ses débuts dans les rôles de Mimi dans La bohème, Sifare dans Mitridate, Elisabetta dans Roberto Devereux ainsi que Elettra dans Idomeneo lors d'un concert avec Simon Rattle. « J'espère ne jamais me reposer sur mes lauriers », dit-elle, « et continuer à explorer ».